Les enseignants et les troubles de l’apprentissage : un rôle central
Le ministère de la Santé estime que 20% des enfants présentent des difficultés scolaires. Elles peuvent avoir des causes multiples, être temporaires ou permanentes. Elles sont à distinguer des troubles de l’apprentissage qui, toujours selon la même source, concernent 5 à 6% des enfants scolarisés, soit au moins un par classe en moyenne. Les personnels de l’Education nationale et en première ligne les enseignants ont leur rôle à jouer dans l’accompagnement de ces élèves.
Comprendre les difficultés d’apprentissages, assurer un accompagnement
Pour les enseignants, et tout particulièrement les professeurs des écoles, le premier enjeu est… d’apprendre, et notamment à différencier les difficultés d’apprentissage des troubles des apprentissages. Les premières sont considérées comme des « facteurs passagers qui empêchent l’enfant de bien travailler à l’école » et qui peuvent être surmontés. On imagine aisément un contexte familial perturbé, par un divorce par exemple, un enfant anxieux, des petits problèmes d’attention.
Dans d’autres cas, des professionnels paramédicaux ont pour mission de résoudre certaines de ces difficultés : les orthophonistes lorsque des retards de langage perturbent l’acquisition de la lecture et de l’écriture, les ergothérapeutes lorsqu’une motricité graphique défaillante oblige l’élève à se focaliser sur le traçage des lettres plutôt que sur le mot qu’il écrit, par exemple.
En tant que professeur des écoles, vous êtes en première ligne (avec les parents) pour détecter les difficultés et au besoin faire intervenir les professionnels en santé de l’Education nationale, médecins et infirmières scolaires. Si l’élève bénéficie déjà d’un suivi paramédical, vous pouvez l’accompagner avec des solutions diverses et variées, comme son placement dans la classe pour optimiser son attention, des outils adaptés comme des stylos ergonomiques, une écoute attentive et bienveillante…
Avec l’accord de la famille, il est également possible de demander l’intervention d’un psychologue de l’Education nationale. Dans le corps des PsyEN, une profession à part entière dans l’Education nationale, la spécialité « éducation, développement et apprentissages » (EDA) a précisément pour mission « d’agir en faveur du bien-être psychologique et de la socialisation des élèves pour faciliter l’acquisition de leurs apprentissages, et de participer à la prévention des risques de ruptures scolaires », comme le souligne le site du ministère.
Les enseignants face aux troubles spécifiques de l’apprentissage, DYS en tête
Souvent résumés par la mention DYS, les troubles spécifiques de l’apprentissage, ceux qui touchent en moyenne un enfant par classe, nécessitent une bonne connaissance des enseignants, une reconnaissance médicale et une prise en charge précoce et globale.
Caractérisés par des dysfonctionnements de fonction cognitive, ils sont regroupés dans cinq troubles, qui peuvent s’associer :
• La dyslexie (et dysorthographie) se caractérise par une difficulté à décoder les mots écrits, entrainant lecture laborieuse et problèmes de compréhension.
• La dyscalculie est un trouble des compétences numériques et des habiletés arithmétiques, qui complique l’apprentissage du calcul et d’une manière générale toute activité numérique.
• La dyspraxie touche la coordination motrice et se traduit par des difficultés dans les gestes, ne serait-ce que ceux de s’habiller ou d’écrire.
• La dysphasie concerne le langage oral et affecte la capacité à comprendre et à produire le langage parlé, entrainant des difficultés de communication.
• La dysgraphie est un trouble de l’écriture qui désigne la difficulté à former des lettres, associée à une lenteur.
Ces troubles souvent invisibles dans la vie courante sont reconnus comme un handicap, dès lors qu’ils constituent d’importants obstacles dans le processus d’apprentissage. Ils exigent une prise en charge globale et une adaptation de la scolarité.
Le rôle des enseignants est alors primordial dans la détection d’un ou plusieurs de ces troubles, un Guide du ministère de l’Education nationale peut les y aider. Au-delà, et en complémentarité de la prise en charge paramédicale dédiée, ils ont une mission fondamentale pour aider chaque enfant à surmonter ses difficultés : les troubles de l’apprentissage ne sont certainement pas synonymes d’échec scolaire !
En tant que professeur des écoles ou enseignant du second degré, veillez à créer un environnement de travail à la fois inclusif pour l’élève ou les élèves concernés, et non excluant pour les autres. Cela passe notamment par l’instauration d’un climat encourageant et bienveillant dans la classe.
Les méthodes d’enseignement sont à adapter, même si, à la MAGE, nous savons pertinemment que vous êtes déjà chargé. L’adaptation des supports, des consignes, des rythmes avec des pauses régulières, mais aussi des évaluations est à mettre en place avec l’approbation de l’enfant et éventuellement le soutien d’un AESH. Les outils technologiques sont souvent d’une aide précieuse (scanner pour ne pas copier les leçons, liseuse ou logiciel de lecture vocale, tablettes avec fonctions d’accessibilité…).
Enseignants, vous n’êtes pas seuls face aux troubles de l’apprentissage
Au-delà des prises en charge par des professionnels comme les orthophonistes, les psychomotriciens, les ergothérapeutes, etc., et des aménagements de l’enseignant pour la classe et pour la pédagogie, il est essentiel de garder à l’esprit que l’aide apportée aux élèves est d’abord un travail d’équipe. Les professeurs des écoles sont de fait en première ligne face aux troubles spécifiques de l’apprentissage des enfants, qu’il s’agisse d’ailleurs de troubles DYS ou d’autres difficultés reconnues comme le trouble déficitaire de l’attention associé ou non à une hyperactivité (TDA/H). Mais ils ne sont pas seuls.
C’est ainsi aux directeurs et responsables des équipes éducatives, en collaboration avec la famille, de mettre en place des dispositifs spécifiques en fonction des besoins de chaque enfant. Pour les troubles des apprentissages, le plan d’accompagnement personnalisé(PAP) est élaboré par l’ensemble de l’équipe pédagogique en association avec les parents et les professionnels de santé. Au sein de l’Éducation nationale, il est possible de faire intervenir les enseignants spécialisés du RASED (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté).
Tout comme chaque Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) a la mission de proposer des modalités d’accompagnement via un plan personnel de scolarisation, sur demande des parents. Les MDPH ont ainsi la responsabilité d’un accompagnement humain (AVS, AESH…), comme des supports pédagogiques adaptés et de l’aménagement de la scolarité.
Dans ce cadre, et toujours dans une approche pluridisciplinaire, votre rôle peut être celui de l’enseignant référent, en quelque sorte le chef d’orchestre d’une équipe de suivi de la scolarisation.